Le MOT DE L'UTEP: Symphonie inachevée ou Réquiem ?
L’UTEP de Saintonge aura vécu… un peu plus que « ce que vivent les roses, l’espace d’un matin » ; elle a fini par succomber sous les assauts d’une structure hospitalière jalouse de son hégémonie et qui n’a pas hésité à exécuter méthodiquement au mépris des règles d’un cadre réglementaire opposable, ce qu’elle avait pourtant contribué à construire.
Notre structure originale, unique en France, fondée sur une co-construction mixte, publique-privée, une représentation paritaire et géographique de tous les acteurs ETP du territoire de santé, s’est avérée être une « UTEPie » utopique … Le ver, en effet, était dans le fruit dans la mesure où une véritable co-construction suppose de ne bâtir que sur du consensus ! Et les humains que nous sommes ont une certaine propension atavique à n’accepter de consensus que celui qui consiste à ce que tous se rangent derrière notre avis personnel. Ainsi l’UTEP a rapidement du faire face à l’exclusion hospitalière interdisant tout accès à « SES » programmes, et en interne à une sorte de tentative de « dictature prolétarienne » revancharde entendant imposer à tout prix le seul point de vue du malade, le seul qui sache… Il n’était là en fait que guerre d’egos, incompatible avec une promotion véridique de l’ETP. Le pari était osé, la proposition ambitieuse mais totalement cohérente avec le principe selon lequel «si on veut DIRE ETP, il nous faut d’abord FAIRE ETP»… Et nous n’y sommes pas parvenus du fait d’une implication trop « tendre » de nos adhérents empêtrés dans un quotidien où l’ETP n’est qu’accessoire, variable d’ajustement des plannings ou condition nécessaire imposée d’une activité de soins.
Là, nous jouons bien la partition d’un requiem !
Cependant en sept ans de bons et loyaux services où l’UTEP n’a jamais failli à ses missions, l’UTEP de Saintonge n’a cessé d’être force créatrice, promotionnelle d’une vision de Santé Publique à l’écoute des acteurs du terrain. Vous en aurez un nouvel aperçu à la lecture de ce dernier numéro de Paroles d’UTEP.
L’UTEP de Saintonge a accompagné les programmes au travers de ses formations tout d’abord : elle a formé des centaines de personnes, et pratiquement toutes les sessions ont compté des patients au nombre des participants. Elle a collaboré à la formation d’autres structures et contribué à la réflexion sur la posture ETP loin de la vision administrative qui peut prévaloir dans la gent directrice de structures porteuses. L’UTEP de Saintonge a accueilli plusieurs stagiaires étudiants en Master ou DU d’ETP, contribuant ainsi activement à leur formation, et témoin objectif de la qualité des pratiques dispensées. Une nouvelle équipe formatrice enthousiaste et efficace s’était mise en place en début d’année avec le volonté d’élargir notre champ de formation et proposer la mise en œuvre effective de notre catalogue de formations continues… L’UTEP de Saintonge par ses Fiches-Actions, dont vous découvrirez le dernière en date dans ce numéro, a permis une vulgarisation pratique d’un certain nombre de procédures administratives inscrites au cahier des charges de l’exercice de l’ETP et produit les outils pour y satisfaire. Elle a été pionnière dans la réflexion sur les modalités de dispensation de l’ETP en période COVID malgré les réticences affichées des structures porteuses. Elle a ouvert des espaces juridiques pour la pratique de l’ETP et ainsi contribué à l’amélioration de la compensation financière des programmes. Elle a ouvert la possibilité de participation financière des caisses d’assurances maladie aux frais de transport des malades qui se rendent à des ateliers d’ETP. Elle a aussi œuvré activement à la construction et la naissance du Réseau National des UTEPs. L’UTEP de Saintonge a aussi produit nombre d’outils pédagogiques d’animation, et vous en découvrirez encore un dans les rubriques de ce Paroles d’UTEP. Elle a réfléchi à la transposition numérique de nos activités et élaboré le filtre TAMI salué par la communauté et qui, espérons le, continuera d’être utile… Et de nombreux autres outils, la liste en est longue, qu’elle entend bien continuer de partager au-delà de son existence formelle.
Cet « héritage » de l’UTEP de Saintonge, même spolié par l’hôpital, reste un bien commun de la pratique de l’ETP et votre propriété inaliénable, à vous autres, acteurs de terrain d’une Education Thérapeutique coconstruite et partagée.
Et là j’entends les accents d’une symphonie inachevée… Comptant sur vous et votre engagement pour composer la suite de la partition.
L’UTEP de Saintonge est morte. Vive l’ETP ! Vivent les UTEPs !